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dimanche 30 octobre 2011

Les tissus de l'air


Quoi de plus naturel, de plus abstrait, de plus léger, de plus transparent, de plus invisible que l'air ? Mais quoi de plus essentiel que l'air?
Nous sommes capables de détecter avec nos sens toute les subtilités que véhicule l'air. L'air possède une jolie garde robe d'arômes qu'il nous distille au gré des saisons, tout comme nous avons une garde robe saisonnière. N'avez-vous jamais constaté que l'air d'automne sent la mousse, les champignons ; il nous met en appétit, l'air d'hiver est vif, frais, cinglant, il rougit nos joues et gêle nos mains. Curieusement, on sent sa présence sur notre peau, mais on ne  le sent pas car le froid le rend inodore, l'air du printemps délicieusement réchauffé par les doux rayons du soleil titille nos narines avec dans son sillon un léger parfum d'herbe fraîchement coupée. L'air de l'été, mine ne rien, l'air de ne pas y toucher,  disperse à tous vents les fragrances des fleurs qui égaient nos villes, nos balcons, nos ronds points, nos campagnes... Dans les villes, malheureusement, on le sent tout le temps, il est présent, trop présent car vicié par la pollution. Toutes les saisons ont des couleurs et des ôdeurs, notre vestiaire aussi.

 Cependant, bien que l'homme empoisonne tous les jours un peu plus ce cadeau de la nature, tout en ayant de cesse de le conserver intact,  inodore, insipide, impalpable, comme au premier jour de la création.

Mais, comme le pire n'est jamais certain, je sais qu'il existe encore des lieux d'une pureté primaire. J'en ai découvert deux :
Le premier est  au Pérou. Sur les bords du lac Titicaca situé à 3600 m d'altitude, j'ai eu l'impression  que le ciel était à portée de main, rien entre les étoiles et le bout de mes doigts sinon un espace vide et incroyablement transparent. Un air limpide, oui limpide. C'est l'œil qui perçoit cette pureté.
Le second est en Afrique du sud sur la pointe extrême sud, à l'extrémité du continent africain, à portée de vue du "cap de bonne espérance”.  Après, plus rien ; que l'eau, l'eau et les glaciers très loin encore, le pôle sud. A cet endroit précis j'ai senti l'air, l'air pur, l'air qu'aucun autre humain n'avait respiré, l'air qu'aucun humain n'avait pollué. Il venait directement des glaciers du sud. Je l'ai senti et non ressenti. J'en emplit mes poumons à en éclater, j'ai inspiré comme jamais, à vouloir prendre des réserves pour l'année.... Une ôdeur de frais, de délicieusement naturel avec un soupçon de je ne sais quoi de particulier, difficile à cerner et encore plus difficile à décrire. Peut être quelque chose qui dépasse la dimension humaine, l'espace infini.

Et les tissus dans tout cela me direz-vous? J'y viens. En les côtoyant quotidiennement, j'ai constaté qu'il existait des correspondances entre les étoffes et les forces naturelles qui nous entourent, ces quatre éléments essentiels sans lesquels la terre ne serait pas notre planète bleue : l'air, le feu, la terre et l'eau.
Les philosophes grecs sont partis d'une hypothèse selon laquelle tous les matériaux constituant le monde seraient composés de ces quatre éléments ;  donc, les étoffes seraient aussi concernées. Aujourd'hui je vous propose d'associer les tissus et l'air.
 L'air c'est  l'espace,  l'infini,  la pureté. Quels sont les tissus qui correspondent à ces idées ? A priori des étoffes invisibles, claires, légères, immatérielles. Mais des tissus, a postériori très présents et utiles. Comme l'air que nous respirons, ces étoffes ont un rôle à jouer dans notre quotidien. Elles  habillent, protègent, préservent, décorent, embellissent, séduisent, parent, magnifient leur environnement immédiat. Des tissus aériens, transparents, légers, frissonnants, immatériels, les voilà qui bougent au gré du vent, les voici qui font le dos rond lorsqu'ils se remplissent d'air. De l'air, de l'air, de l'air !




LE VOILE
La plus simple des étoffes est la toile. Une toile de coton fine et opaque, voir transparente et c'est le voile. Zénana, zéphyr, linon, baptiste, étamine, quelque soit le nom qu'on lui donne, le voile frissonne au moindre souffle d'air, il habille élégamment nos fenêtres, protège notre peau de rayons ardents du soleil. C'est encore lui qui masque le visage de la jeune mariée,  c'est aussi ce voile qui cache les larmes des veuves. Le voile, comme l'air est un écran imperceptible, invisible mais nécessaire. Il masque, cache, suggère. Il vit en osmose avec l'air qui lui offre un souffle de vie, il aime la nature, il incite au silence, il a la légèreté de l'insouciance, il est libre comme l'air, libre de ses mouvements, de sa gestuelle. En fibres naturelles c'est pour sa simplicité authentique que je l'aime, en fibres chimiques c'est pour ces qualités techniques que je l'adopte.
                                                                                   
                                                                                                                        à suivre




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