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mardi 13 mai 2014

N°4 LA POPELINE ET LES PREMICES DE LA SERICICULTURE EN PROVENCE

LA POPELINE EXISTAIT AVANT LA PAPELINE 
Le succès de la popeline de Poperinghes fut tel en Italie, que les artisans se décidèrent à l'imiter et non la copie, car la popeline italienne variait de la popeline flamande à un détail près : le tissu italien devient un tissu plus léger, grâce à un mélange laine et soie.   
LES PREMICES DE LA SERICICULTURE EN PROVENCE
Et si des artisans italiens (tisserands, soyeux, teinturiers) ayant suivi le Pape Clément V en Avignon avaient  dans leurs "bagages"  une toile de laine et de soie dont la surface était rythmée par de fines côtes transversales qu'ils appelaient la popeline ?

UN PAPE EN PROVENCE  
L'exil du Pape de Rome dans le Comtat Venaissin eut pour conséquence l'introduction de la sériciculture sur les terres pontificales qui correspondent à peu près à la Provence. 

Le climat était favorable à la culture du mûrier et à l'élevage du ver à soie. Lyon deviendra la ville des soyeux, l'approvisionnement en matière première étant facilité par la proximité des magnaneries établies dans les Cévennes et en Ardèche.

LE MARKETING AVANT LE MARKETING
"Ensemble des actions qui ont pour objet de connaître la demande des consommateurs et d'adapter la production à leurs besoins" in  le dictionnaire Larousse. Comme monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir,  les tisserands flamands, italiens, avignonnais, britanniques firent du marketing avant même que le mot n'existe. La popeline flamande en laine, prisée dans les régions du nord, va s'alléger en arrivant en Italie puis se raffiner en arrivant en Avignon. Chaque pays producteur adaptant le produit au goût de sa clientèle.

LE RAFFINEMENT EN PLUS
L'étoffe avignonnaise, celle pour laquelle nous avons le plus de détails, devint une étoffe luxueuse : chaîne en soie et trame en fleuret (soie plus grossière) destinée à l'usage exclusif du Pape et de sa suite. Raffiné certes, le tissu conserve toujours et encore sa spécificité : une surface animée par de fines côtes transversales. L'ambiguïté réside dans cette particularité qui perdure malgré un changement de matière première, les "déménagements", les dénominations différentes.

LA PAPELINE : UN BAPTEME TARDIF
Force est de constater qu'en France au  XVIIe siècle, le papeline est une étoffe connue. Furetière la mentionne dans son dictionnaire paru en 1690 : "La papeline, étoffe dont la chaisne est en soye et la trame en fleuret, qui se fabrique à Avignon, cité papale d'où elle tire son nom. Elle a une demi-aune ou 5 octaves de large et doit avoir une lisière d'un seul côté de l'estoffe de différente couleur à la chaîne pour la distinguer des estoffes de pure soye."
Bien que fabriquée depuis le XIIIe siècle dans la région d'Avignon, bien peu de documents mentionnent le nom de papeline ou popeline avant le XVIIe siècle.
Plusieurs hypothèses peuvent expliquer cet anonymat. J'ai sélectionné celle qui me semble la plus réaliste. 
Cette toile est fabriquée et vendue dans un territoire délimité, le Comtat Venaissin. Sa production était destinée à une clientèle  ciblée durant quelques décennies. Lorsque  les papes  rejoignirent le Vatican, les tisserands avignonnais exportèrent ce tissu avant même de lui octroyer une identité. 
Ce sont les acheteurs étrangers qui surnommèrent cette toile   papeline (poplin pour les anglo-saxons), clin d'œil à ses origines ecclésiastiques.  

La popeline n'est pas un cas unique dans l'univers textile, les exemples ne manquent pas. Nombre de tissus ou de techniques textiles prendront le nom de leur région d'origine, du lieu d'expédition ou de leur créateur : le jean (toile de Gênes), le denim (toile de Nîmes), la baptiste (d'un certain monsieur Baptiste), le jacquard (monsieur Joseph Marie Jacquard), l'Oxford (un tisserand flamand installé à Oxford en fut le créateur), la gaze (expédiée vers l'Occident depuis le port de Gaza) etc…voici encore un vaste sujet à traiter.

A SUIVRE N°6 LA POPELINE




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